jeudi 5 juin 2014

"L’anti-populisme est un populisme" via Marie-Hélène (@Noxetlux) sur "Les Alternatives Catholiques"


Les Alternatives Catholiques

L’anti-populisme est un populisme


Depuis dimanche dernier, en réaction au score historique du Front National aux élections européennes, les prises de position de la classe politique se sont suivies et ne se sont que trop ressemblées, massivement enracinées dans un mot d’ordre anti-populisteinefficace et délétère. On a pu être révolté par une telle rhétorique sans être le moins du monde partisan du vote frontiste, mais animé par une réelle inquiétude quant à la capacité des responsables politiques à lui apporter une réponse. Pour peu que leurs interventions aient eu un aspect théâtral et distrayant, elles ont surtout été le témoignage d’une sphère politique plus capable d’émotionnel et de moralisme que de réalisme, jetant de l’huile sur un feu qu’elle s’employait à éteindre. C’est ici que s’exprime l’un des plus lamentables paradoxes de la communication politique : en dénonçant l’instrumentalisation des craintes du « peuple » et l’ignorance irresponsable de ce dernier, les anti-populistes ne font qu’encourager et singer les populistes en cherchant à en prendre le contre-pied. L’anti-populisme est un populisme.

Anti-populisme et populisme ne sont en effet que les revers d’une même médaille : celle de l’aveuglement et de l’irresponsabilité politique. Faux jumeau du populisme, l’anti-populisme s’avère non moins extrême et d’autant plus dangereux qu’il se donne les apparences de la vertu. Il est surtout profondément révélateur d’une conception de la politique, de la démocratie et du citoyen qui anime nombre de nos gouvernants et qui interroge sur leur capacité à prendre la mesure de la crise politique actuelle. Car se saisir constamment de la bannière de la lutte contre les « extrêmes » et contre tout ce qui peut être rangé derrière le vocable fourre-tout de « populisme » révèle en général une incapacité flagrante à affronter les problèmes de fond, à se remettre en cause et à tendre l’oreille en direction de l’électorat.[1]

L’anti-populisme est un élitisme. Non pas un élitisme de classe mais un élitisme de valeurs. Au nom d’un prétendu « cercle de la raison » opposé à un « cercle des passions », les anti-populistes font des victimes du populisme de grands enfants, tout en légitimant au passage leur propre présence au pouvoir. Le mépris du « peuple » va encore plus loin lorsque l’opprobre est explicitement jetée sur le vote frontiste, traité comme la pire des abjections, en véritable « honte pour la France »[2]. On touche ici au paradoxe d’un discours d’exclusion se revendiquant du combat contre « le rejet de l’autre ». Dans son numéro paru ce mardi, le journal Le Monde allait particulièrement loin dans l’expression de son indignation : « En Europe, où elle faisait déjà figure de maillon faible, la France va inévitablement apparaître comme le mouton noir en proie aux délétères – et détestables – pulsions du national-populisme ».

L’attitude anti-populiste héberge un second paradoxe : combattre le populisme passe bien souvent par des solutions proprement populistes. Combattant ceux qui prennent le peuple par les sentiments dans un contexte de crise généralisée, les anti-populistes se tournent vers le malheureux « peuple », lui expliquent qu’il a voté de la sorte parce qu’il est dans la misère sociale et économique et lui proposent des mesures pour améliorer ses conditions de vie. Ce n’est donc pas un hasard si Manuel Valls s’est empressé de rappeler ce dimanche sa volonté d’augmenter prochainement les plus bas salaires.

Les postures militantes anti-populistes sont donc inefficaces à plusieurs titres. Elles contribuent à amplifier le sentiment de distance entre la classe politique et les citoyens, déjà largement nourri par la multiplication des scandales médiatiques, par l’enfermement des partis dans des visées purement politiciennes et par le cantonnement des discours et programmes dans des logiques ouvertement idéologiques. En cela, elles font bel et bien le lit du populisme, quand elles n’y ont pas elles-mêmes recours dans une tentative désespérée de sauver la situation. De ce jeu usant alternativement des cordes anti-populiste et populiste résulte un concert inaudible et néfaste, abondamment relayé par les médias.

Il semble plus facile de lutter contre un ennemi que l’on contribue à se façonner que de prendre ses responsabilités et de se mettre au travail, en s’interrogeant par exemple sur l’assise démocratique de l’Europe et son lien aux citoyens et aux États, en remettant en question les modes de gouvernement et l’attitude de la classe politique. L’anti-populisme est un aveuglement, une volonté de ne pas dire le nom des crises qui agitent nos sociétés contemporaines au nom de doxas qui transcendent et minent les partis.



[1] Analyser l’anti-populisme n’a rien de partisan : il s’agit bien d’abord de s’interroger sur les stratégies politiques – dont chacun peut être juge quel que soit son ancrage politique –, ainsi que sur les conséquences de l’anti-populisme – à savoir la distance toujours accrue entre gouvernants et gouvernés. Se réjouir de ce dernier aspect relèverait d’une vision tristement court-termiste. En outre, une politique se résumant à des opérations de communication finit par sonner creux : elle se doit d’être en premier lieu pouvoir d’agir et terreau d’initiatives concrètes. La politique est donc abordée ici avec un regard qui n’essaie d’avoir pour seul parti que l’exigence du Bien Commun.

[2] Cf) la déclaration du député EELV Barbara Pompili.

à lire aussi : "Le catholicisme face à la nouvelle question sociale"

Source:


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mardi 3 juin 2014

La réforme territoriale de François Hollande !


[Edito] Des régions et des hommes




Le Président a tranché. D’un coup de crayon, je n’ose dire d’épée, il a divisé par deux, ou presque, le nombre de nos régions.

Le projet était annoncé il y a deux mois par Manuel Valls lors de son discours de politique générale. Mais le Premier ministre avait affiché un calendrier long, jusqu’au 1er janvier 2017, prévoyant des discussions entre les élus régionaux afin que nos collectivités puissent se marier librement. Or le Président a écrasé l’accélérateur : les présidents de régions ne conteront plus fleurette, il n’y aura point de fiançailles, ce sera un mariage forcé décrété par l’Elysée.

On peut rester perplexe devant une telle décision, et surtout, nous pouvons nous poser quelques questions : pourquoi un tel empressement à regrouper les régions ? Et surtout quel est le but de ces fusions ?

Une région n’est pas juste une zone délimitée sur une carte. Ce n’est pas non plus une ligne dans le Code général des collectivités territoriales. C’est une terre, avec des hommes, une histoire, une culture, une identité, une activité économique, sociale, politique. Délimiter une région ne peut se faire à la légère, sans consulter ses habitants, sans réfléchir aux conséquences de ces actes. Une telle décision ne peut être brutalement accélérée, c’est impossible et cela ne peut conduire qu’à un échec cuisant.

Mais aussi, ce qui surprend est le but de ces fusions. Pourquoi créer des superrégions ? On parle de “taille critique” comme si les régions actuelles étaient trop petites. On évoque la “compétitivité” des régions dans la mondialisation et l’Europe… On évoque cela, oui, sans pour autant nous montrer sur une carte la taille des autres régions d’Europe… Régions qui sont souvent de la même taille, parfois plus petites, très rarement plus grandes. L’argument de la taille critique n’aurait-il aucun sens ? J’en ai bien peur…

Mais surtout comment défendre la fusion de régions quand on envisage la suppression des départements ? Ont-ils conscience que cela va creuser le fossé entre régions et citoyens ? Ont-ils conscience que cela va blaser encore plus l’électeur, qui n’y comprendra rien et qui se trouvera au milieu de régions informes, impersonnelles, aux élus distants et invisibles ?

Une semaine après le choc des européennes, avait-on besoin d’un tel recul démocratique ?

Charles Vaugirard - 3 juin 2014

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[Edito] "Le naufrage du redécoupage des régions"


François Hollande est à nouveau parti pour se planter sur la réforme du redécoupage des régions. Tous les ingrédients sont là, comme si rien n'avait été appris des échecs passés. C'est presque désespérant tellement ça devient prévisible.

Pour commencer, les annonces sont cafouilleuses. Quand on prépare une telle réforme, on choisit tout de suite la ligne. Soit on passe en force, soit on laisse le dialogue se dérouler. Mais on ne change pas de pied en cours de route. Alors que Manuel Valls avait annoncé une feuille de route dans laquelle le gouvernement laissait, dans un premier temps, les mariages se faire spontanément, voilà que Hollande nous prépare, pour demain matin, une carte des nouvelles régions. On a zappé la phase de dialogue entre collectivités, pour arriver directement sur le découpage autoritaire. Non sans avoir laissé du temps à tous les fantasmes et les redécoupages. Les journaux ne se sont pas privés, d'ailleurs, avec leurs petites infographies "faites vous-même le redécoupage". Résultat, chacun a sa petite idée sur ce qu'il faut faire, ou ne pas faire. Un peu comme la composition de l'équipe de France de football, où on compte plusieurs millions de sélectionneurs...

Le déroulé est problématique, car avant même la publication officielle, au moins une fusion a fuité, celle des Pays-de-Loire et de Poitou-Charentes, qui finalement, ne s'est pas faite, mais elle donné le ton. Elle cristallise toutes les critiques qui tomberont sur cette réforme. Évidemment, tout le monde a pensé que Ségolène Royal a pesé sur ce choix, car même s'il est cohérent, il n'est pas la seule alternative. Le soupçon du copinage et du redécoupage spécialement conçu pour favoriser les intérêts de certains grands élus socialistes surgit immédiatement. Bien entendu, le reste du redécoupage va être examiné à cette aune, et on trouvera des cas où la nouvelle carte arrange bien un président de région sortant. Comme pour le repassage, s'il y a un faux pli au premier passage du fer, c'est galère à rattraper quand on est sur un tissu très froissable. La publication de la carte "officielle", a immédiatement entrainé une critique en règle de Dominique Bussereau, accusant Hollande d'avoir favorisé Sapin et Royal (de la promotion Voltaire) avec la fusion de Poitou-Charentes-Limousin-Centre. Un attelage il est vrai un peu inattendu.

Autre source d'ennuis, la Bretagne historique, les 4 départements plus la Loire-Atlantique, c'est raté, et la prochaine fenêtre de tir, c'est dans cinquante ans, au minimum. Les élus et la population bretonne ont beaucoup espéré des annonces de François Hollande sur le redécoupage régional. La déception risque d'être immense (et le mot est faible) avec une pression sur les parlementaires bretons qui risque d'être terrible. L'étiquette pèsera peu au regard des attentes du terrain. Voter contre la réunification de la Bretagne, c'est un coup à perdre sa circonscription en 2017. Un cas comme celui-là est parfait comme abcès de fixation médiatique. Le risque est grand que l'enjeu de la réforme se retrouve, sous le prisme des médias, résumée à la question de la Loire-Atlantique. Je ne parle pas de la fusion entre Alsace et Lorraine, avec un choix problématique pour la capitale régionale.

Comme il va falloir passer par une loi, qui n'est pas encore passée en conseil des ministres, il y aura un temps de latence entre les annonces de François Hollande et l'adoption définitive du texte. Le temps, pour tous les opposants à la nouvelle carte, de se répandre dans les médias. Et ils seront nombreux, y compris à gauche, car si on favorise certains barons, c'est au détriment d'autres, qui vendront chèrement leur peau. Les présidents de conseils généraux, voués à disparaitre, ont une occasion en or de casser les reins de Hollande, pour lui enlever toute velléité de proposer un autre texte de loi portant réforme des collectivités locales. Un très bon moyen pour que la question de la survie du département soit tuée dans l'oeuf.

Quand viendra le moment de l'examen au Parlement, ça va être sportif pour le gouvernement... qui risque un rejet du texte qui sera interprété comme un nouveau revers politique, enfonçant un peu plus François Hollande, déjà bien affaibli.

Par Samuel, lundi 2 juin 2014

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