jeudi 4 septembre 2014

"Gleeden : place aux anticorps" par @koztoujours





Est-ce une coïncidence, un acte manqué, la Providence ? La société Gleeden semble choisir les moments où l’actualité la plus chaude étale crûment devant nos yeux les conséquences personnelles ultimes de l’infidélité – jusqu’à la tentative de suicide de la personne trompée – pour enfoncer un coin supplémentaire dans notre dignité collective par ses campagnes perverses.

Refuser ces campagnes doit être le réflexe de tous, doit être la réaction collective spontanée. Cela s’applique au site et à son principe, ainsi qu’à sa promotion publique, et cela va chercher au-delà, au rang même de notre capacité à former une société.

Pour ma part, j’ai épuisé mes ressources de patience et de bonne volonté dans l’argumentation. Marre de tenter de convaincre et d’expliquer l’abjection de la promotion du mensonge. Marre de souligner qu’il ne s’agit pas d’une affaire entre adultes consentants1 puisque des tiers sont impliqués, marre de pointer les conséquences pour la personne trompée, marre d’exposer les conséquences immédiates et à long terme pour les enfants, de souligner l’égoïsme et l’irresponsabilité de ces publicités. Je l’ai écrit, à plusieurs reprises, et encore en janvier dernier. Je ne vais pas perdre mon temps à tenter de le faire comprendre. C’est par là (y compris pour quelques brefs développements juridiques).

Mais si votre conscience ne se révolte pas spontanément devant ces affiches, c’est que vous êtes des veaux. C’est que cette société, dans ce qu’elle a d’ultimement mercantile, individualiste, et oppressive, a fait de vous les veaux dont elle a besoin.

Oui, oppressive, d’une oppression soft dont il n’est pas besoin d’aller chercher bien loin les acteurs intéressés. Car j’ai la certitude que nous sommes ultra-majoritaires à rejeter ces campagnes et l’évolution délétère de notre société qu’elles représentent. Seuls l’absence de porte-parole efficace, la lâcheté politique, la léthargie générale, et ce vieux résidu d’angoisse adolescente de paraître coincé empêchent ce rejet majoritaire d’apparaître tel qu’il est.

Il y a, parmi mes contacts, des personnes qui ont fait le choix de tagger ou arracher les publicités Gleeden croisées dans les transports publics. L’une d’entre elles me raconte à l’instant avoir échappé à la verbalisation grâce au soutien d’une autre personne, et la conviction intime quoique non exprimée des agents de la RATP. Maigre réaction mais action salutaire. Elles ont toute ma compréhension, mon affection et mon parfait soutien. Leur réaction est, bien évidemment, illicite. Mais louable. Certaines de ces personnes ont d’ores et déjà été verbalisées, à hauteur de 90€ (de mémoire, et à ce stade). 90€… Il suffit d’un dépassement de vitesse sur l’autoroute, parfois même léger, pour écoper d’une même amende, et cette amende est stérile, vous n’avez pas fait avancer la société. Mais que ceux qui écoperaient d’une contravention pour avoir dégradé une affiche Gleeden la placent sous verre, dans un cadre à l’or fin. Ils pourront justifier auprès de leurs petits-enfants qu’ils n’ont pas vécu cette évolution sociale sans marquer, même modestement, leur désaccord.

Une société est un corps. Nous formons un corps. Il est naturel que se développent les anticorps contre les forces de délitement qui l’attaque. Car, et je fais une exception à mon ras-le-bol d’argumenter rappelé plus haut, le principe de ce site est évidemment délétère. Nous connaissons tous les effets de l’adultère sur la personne trompée, flouée, blessée. Nous savons la dangereuse spirale qui attend les mères seules – puisque ce sont bien souvent les mères qui se retrouvent seules avec les enfants. Nous connaissons aussi les dégâts sur les enfants, dégâts immédiats mais aussi à plus long terme incapacité à concevoir un engagement pérenne. Nous savons tout ce que ce comportement publiquement promu coûte à la société.

Et cela va plus loin encore : en acceptant, par notre silence et notre inaction, ces campagnes, nous acceptons l’idée que le mensonge, la duperie, la duplicité puissent être vantés publiquement sur nos murs. Qui, de droite ou de gauche, religieux ou athée, riche ou pauvre, ne transmet pas spontanément à ses enfants le goût de la vérité et le respect de la parole donnée ? Comment une société peut-elle fonctionner si le mensonge y est promu ? Au-delà même des campagnes Gleeden, c’est le défi immédiat qui nous est lancé.

Bien évidemment, vous soupçonnez chez moi l’influence de mes convictions religieuses. J’assume avec grande joie l’idée d’être influencé par de si beaux principes de vie. Mais oubliez cela : nous devons tous réagir. Martine Aubry, qui ne passe pas pour une grenouille dé bénitier, évoquait il y a quelques années la common decency selon Georges Orwell. Eh bien il faut faire péter la common decency à la gueule des promoteurs de tous poils de l’état d’esprit Gleeden. Croire au Ciel n’a rien di’nsipensable sur cette question, prenez cette decency comme référence. A cet égard, je trouve ce développement du philosophe Bruce Bégout qui, dans un essai sur la décence ordinaire chez Orwell, évoque sa conviction qu’il y a chez les gens simples du peuple une tendance à l’honnêteté ordinaire. Il développe ainsi :
Cette honnêteté ordinaire s’exprime sous la forme d’un penchant naturel au bien et sert de critère du juste et de l’injuste, du décent et de l’indécent. Elle suppose donc, avant toute éducation éthique et pratique, une forme de moralité naturelle qui s’exprime spontanément sans faire appel à des principes moraux, religieux ou pratiques. L’homme ordinaire n’a pas besoin de se tourner vers certaines autorités pour agir moralement. Il possède en lui-même une faculté sensible d’évaluation morale qui précède toute norme conventionnelle.

On parle beaucoup du vivre ensemble. De quel vivre ensemble pouvons-nous nous targuer si nous ne refusons pas qu’il soit attaqué sur ses bases les plus élémentaires de la confiance et de la vérité ?!

Et tant que j’y suis, parce que je sais que certains me lisent, j’en appelle à nos parlementaires, de droite comme de gauche. Parce que c’est votre rôle éminent. Vous auriez dû réagir sans que ces comportements illicites mais salutaires, relevant d’une forme de désobéissance civile bien comprise, n’apparaissent. Vous savez su interdire la publicité pour le tabac, réglementer la publicité pour l’alcool. Bougez-vous pour les couples, pour les enfants, pour les mères isolées, pour la société. Ce site est licite aujourd’hui ? Sa promotion publique également ? A vous de rédiger la proposition de loi adéquate.

Au besoin, je connais un juriste prêt à vous la livrer.

source: koztoujours

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Koztoujours

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